samedi 29 décembre 2012

TOP(c) Albums/EP 2012


1. SoKo - I Thought I Was An Alien 
2. Will Stratton - Post-Empire 
3. Andy Stott - Luxury Problems 
4. Mein Sohn William - Mein Sohn William 
5. Limousine - II 


6. Grimes - Visions 
7. Klub des loosers - La fin de l'espèce 
8. Brambles - Charcoal 
9. Doron Diamond - FARYN 
10. BRNS - Wounded 


11. Austin Wintory - Journey OST 
12. Arch Woodmann - Life Forms Found On A Life Boat EP
13. Mount Eerie - Clear Moon 
14. Max Richter - The Four Seasons 
15. Cloud Nothings - Attack On Memory 


16. Other Lives - Mind the Gap EP 
17. Barna Howard - Barna Howard 
18. The Tallest Man On Earth - There's No Leaving Now 
19. Peter Broderick - http://www.itstartshear.com 
20. Deerhoof - Breakup Song 


21. Mount Eerie - Ocean Roar 
22. Tindersticks - The Something Rain 
23. Sigur Ros - Valtari 
24. DVA - Botanicula OST 
25. Ahmad Jamal - Blue Moon 

lundi 24 décembre 2012

Sufjan Stevens, the Christmas Unicorn


L'esprit de Noël, sans conteste, Sufjan Stevens le porte en lui. Fête ambiguë au caractère presque obligatoire, débauche consumériste pour les uns, profond sentiment d'isolement pour les moins chanceux. Noël c'est aussi la féerie d'un instant qui pose un masque de bienveillance sur chacun de nous, c'est la promesse d'un avenir meilleur, cette invitation à croire à la possibilité d'un enchantement en s'abandonnant à la douce régression vers l'enfance. C'est l'occasion de faire bonne chère, de se surprendre de générosité à travers le don anonyme aux plus petits, ou encore les lumières et les chants qui réchauffent le coeur dans la communion. Quelques éléments qui caractérisent ce que l'esprit de Noël peut-être. Des excès parfois, mais pour la grande majorité excusés par la grâce qui nous emporte. Cependant il y en a bien un qui est impardonnable malgré la période : les goûts musicaux de chiottes. Les freak de Glee propose pour la troisième fois une compilation de Noël, Michael Bublé ressort son carton de l'an passé. Ou pour ceux qui ne peuvent plus encadrer un énième classique revisité par un quelconque ténor, et j'en passe et des meilleurs, il existe une sainte alternative.


Originaire de Détroit, Michigan, Sufjan Stevens est définitivement ce choix du bon goût. Après avoir sorti en 2006 une compilation de cinq albums de Noël, il accompli de nouveau, cette année, le même miracle : soit 58 chansons en libre écoute sur son Bandcamp. La version physique de la box Silver & Gold, en plus de contenir cinq cds est constituée d'un florilège de petits cadeaux allant d'autocollants, tatouages temporaires, posters et même d'un poème composé par l'artiste. Même si les arrangements figurant sur ces cinq compilations ne touchent pas à ce qui fait le génie de ses grandes réalisations, on prendra beaucoup de plaisir à voir revisités des classiques, sacrés ou profanes tout comme les 18 compositions originales. Dans le contexte de fêtes, le chant choral est définitivement mis en avant mais les styles varient du folk, au rock, en passant par l'electronica voire même la musique baroque. Sufjan Stevens, clôture l'album magistralement avec Christmas Unicorn, titre long à la progression épique, aux canons à tout va, choeurs dégoulinants et arrangements dans tous les sens, dont lui seul à le secret. De très bonnes fêtes à tous et que la licorne de Noël sache bien vous gater!

mercredi 12 décembre 2012

Le monde d'Iblard

N'importe qui peut devenir un citoyen de Iblard. Ces paysages peuvent vous paraître familier, les contempler c'est se laisser aller à une certaine nostalgie. Les règles qui régissent ce monde sont un peu différentes du notre, les terres sont en constante mutation, des îles flottantes errent ici ou là. On raconte même que les habitants, les Iblardiens, auraient une influence sur le mouvement des planètes et des corps en lévitation. Iblard est d'une certaine manière une utopie, ces horizons dégagent une tranquille étrangeté où la nature a toujours eu ses droits, que même les constructions humaines et les trains flottants ne viennent pas troubler. Il est toutefois possible d'entrevoir Iblard à travers notre monde si on arrive à y poser un regard différent. On peut aussi simplement s'intéresser au travail du japonais Naohisa Inoue, professeur à l'Université Seian d'Art et de Dessin. En effet ce dernier depuis 1983 avec sa première publication, recueil de peintures réalistes et magiques, récompensé du prix «Découverte de l'année» se pose en témoin des terraformations dont son univers est soumis. 


La meilleure façon de faire connaissance avec Iblard est de jeter un oeil au moyen-métrage «Iblard Jikan» de 2007 réalisé par lui-même et produit sans surprise par le studio Ghibli. Ses peintures s'y succèdent une à une pour le plaisir des yeux et de l'imaginaire. Une animation légère en surimpression vient donner de la vie aux paysages ; la musique instrumentale d'inspiration nippone vient nous réchauffer le coeur comme un chocolat chaud un après-midi pluvieux au coin du feu. La technique du peintre est toute particulière : il ne sait pas à l'avance ce qu'il va dessiner, sans croquis préalable la toile se peaufine au gré de l'inspiration de l'artiste. Naohisa Inoue, dans «Si tu tends l'oreille», film d'animation du studio Ghibli de 1995, a participé à la réalisation de décors, toile de fond de certaines scènes. Mais c'est dans le court-métrage «Le Jour où j'ai cultivé une étoile» réalisé par Hayao Miyazaki que l'univers est semblerait le mieux mis en scène. Sorti en 2006, sa diffusion est malheureusement confinée au musée Ghibli à Mikata dans la banlieue de Tokyo. Que vienne vite le jour où il tombe dans le patrimoine libre ; qu'il suive les pas de Destino jalousement caché par les studios Disney il y a encore quelques années!

Grève du sexe

Qu'on se le dise, c'est tout à fait vilain vilain, pour moi. On peut aisément dire que ce genre de pratique a existé de manière privée en tout temps dès lors que la conjointe contrariée a un message à faire passer ou pas. Faire la ceinture peut faire ses preuves, les doléances ainsi être vraiment écoutées, la vaisselle propre. Cependant, la chose prend une ampleur différente quand l'action est collective. Les exemples pleuvent dans l'actualité ces dernières années ; au plus proche de chez nous il y a celui de la sénatrice flamande Marleen Temmerman. «Pas d'débats, pas d'ébats», un mode d'ordre qui tenait en fait de la blague et avant tout d'un bon moyen pour retenir l'attention des médias sur l'impasse politique. Au Liberia, en 2003, exemple autrement plus poignant, les femmes du mouvement Mass Action For Peace, dans la même démarche ont réussis à se faire entendre à force de manifestations. Libérant ainsi le pays de quatorze années de guerre civile et hissant dans la foulée, Ellen Johnson Sirleaf, une femme au rang de président. Cette histoire est d'ailleurs relatée dans le très récompensé documentaire de 2008 «Pray The Devil Back To Hell». 


Sans l'appui des médias, la grève du sexe peut se suffire à elle même si les revendications sont précises et réalistes, si les femmes sont en nombre dans la communauté. En 2011, après quatre mois de grève, presque trois cents femmes de la ville colombienne Barbacoas ont réussis à ce que le gouvernement se décide à paver un tronçon de route reliant la ville la plus proche. La même année, dans nos salles obscures, le film «La Source Des Femmes» reprend à l'identique cette thématique néanmoins desservie par un manichéisme un peu caricatural. Quelque part dans un village au Maghreb, la tradition dicte que les femmes apportent l'eau au village. Après avoir parcourues sous un soleil de plomb un chemin de montagne périlleux, elles trouvent l'eau à la source. Face à la passivité des hommes qui considèrent que les choses ont toujours été comme ça, Leila, jeune mariée, décide de protester avec les femmes du village par l'abstinence. Cela cessera quand des travaux seront faits pour acheminer l'eau jusqu'au au village. Entre pression communautaire, montée du fondamentalisme religieux, place de la femme dans la société, vont-elles avoir gain de cause ? Cela ne serait t'il pas la porte ouverte à d'autres caprices telles que la machine à laver ?


Pas de bras, pas de chocolat durant une semaine aux Philippines en 2011 pour cesser les conflits entre deux villages. Chambre à part en 2008 pour les Napolitains jusqu'à que des dispositifs de prévention des dangers des feux d'artifices du nouvel an soit mis en place. A la niche en 2013 car pas de petit déjeuner au lit ? Derrière toutes ces faits, il y a une femme, «celle qui délie l'armée» : Lysistrata. Personnage de la comédie grecque éponyme écrite par Aristophane en 411 av. J.-C, elle convainc les femmes d'Athènes et des autres villes environnantes de se refuser à leur mari. Une grève totale du sexe sera poursuivie jusqu'à qu'un terme soit mis à la guerre du Péloponnèse. Cette pièce jouée (uniquement par des hommes durant une festivité consacrée à Dionysos) vient apporter très tôt pour l'époque des éléments de réflexions sur les relations entre les genres dans une société dominée principalement par le sexe masculin. C'est sans rappeler que les femmes d'Athènes n'avaient ni droit juridique ni politique soumises perpétuellement à un tuteur (père puis mari) et étaient confinées dans le foyer (et encore, dans le gynécée). La matière de la pièce Lysistrata étant toujours d'actualité, des ré-écritures, ré-interprétations de la pièce existent pour toucher un public plus contemporain. Entre classicisme et truculence en passant par le mauvais goût mais tout en conservant  un aspect comique et  subversif, chacune des interprétations ont en commun cette universalité qui se dégageait déjà de la pièce d'origine.

dimanche 9 décembre 2012

Punkryden Mixtape : Movember 2012


Punkryden Mixtape : Movember 2012 by Punkryden on Mixcloud

La Punkryden Mixtape est un bon gros bébé qui atteint enfin une certaine maturité. Par maturité, il ne faut certainement pas entendre sagesse, qu'on se le dise. Après des premiers pas mal assurés, chancelant, le petit déambule maintenant en tout sens qu'on ne sait même plus l'arrêter. Voila donc deux ans qu'avec une curieuse assiduité elle revient sans lassitude bondir dans ton salon tel un dément. Un anniversaire en fanfare qui se fête avec toute cette énergie qui ne demande qu'à s'exprimer. Concrete Knives dans cette optique déchaîne les choeurs et les guitares, urgence de vivre et de suer en toute liberté sans rappeler le beau moment qu'est le Huddle Formation de The Go! Team. BRNS, groupe made in Wallony voire Jacoby, fait partie de ces formations fâchées avec les voyelles. On continue à s'agiter avec cette pop-rock aux influences bien intégrées. Comme Animal Collective pour leur goût de la digression maîtrisée auquel le groupe s'identifie. Superpoze ou les paysages immaculés de Heima qui s’esquissent. Malgré ce que le titre de la chanson évoque, c'est plutôt les lunettes de soleil qu'on se voit enfiler. La meilleure concession qu'on puisse trouver serait de dévaler les pistes de -au hasard- Avoriaz le son du beatmaker français résonnant dans la vallée. Le producteur berlinolondonien fLako exerce le même métier. Lui prend le parti de la fusion entre électro et soul qui semble en pente ascendante depuis quelque temps avec comme fer de lance The Weeknd ou James Blake. Ce dernier remonté dans mon estime depuis la surprise de découvrir que 90% de Limit To Your Love ne pouvait s'écouter qu'au casque. Destroyer ce sont ces canadiens qui ont délivrés le magnifique Kaputt en 2011. Quant à Painter in Your Pocket issu de Destoyer's Rubies c'est le résultat d'un regard tourné vers le passé riche lui aussi tout autant en pépites. Matt Elliott que peut-il en avoir de tout cette pop/rock qui fout la pêche, Matt Elliott tout seul dans son coin il t’emmerde et il te le fait savoir avec son dark flamenco à faire se pâmer un revenant. On reprend des couleurs avec BRNS de nouveau qui confirme que Wounded est un album qui en a dans le ventre (siège du deuxième cerveau). Luminocolor surtout pour la trompette puis ce son pop progressive un peu désaxé. Quota mainstream sur-explosé avec Gangnam Style, la chanson la plus vue sur le Youtube mondial. La version 8bit de Awesomecat nerdize un peu la chose histoire de déculpabiliser d'apprécier l'original. On s'encocoone finalement avec Sufjan Stevens pour commencer à se mettre dans l'esprit de la Noël. La Punkryden Mixtape aime la poésie.

1. Concrete Knives - Bornholmer
2. BRNS - Here Dead He Lies
3. Superpoze - The Iceland Sound
4. fLako - Honey Drips
5. Destroyer -  Painter in Your Pocket
6. Matt Elliott - Dust Flesh And Bones
7. BRNS - Deathbed
8. Luminocolor - Guapo
9. Psy - Gangnam Style (Awesomecat 8bit Remix)
10. Sufjan Stevens - Carol of St. Benjamin The Bearded One

samedi 8 décembre 2012

Et bah tu m'expliques.

Tout amateur de saucisson -ou de façon plus générale de charcuterie- qui se respecte la connait. C'est le plus souvent tout à fait fortuit au hasard de requêtages Google pour tromper l'ennui qu'on la découvre. Son single «J'ai acheté un saucisson» a marqué plus d'un aficionados de cochon. Anne Laplantine, musicienne² et vidéaste³ française n'a rien à envier au résistant toulousain Jean Micoud car sa page Wikipédia, elle, tient bon. Une vie entière ou l'objet d'une thèse serait nécessaire pour cerner la globalité de son oeuvre.  Productions soniques et/ou visuelles repoussant à chaque fois les limites d'un je ne sais quoi, elle déverse inlassablement sur les différents réseaux sociaux son travail d'artiste. Appréhender Anne Laplatine, c'est embrasser la vie. La jeune femme de 40 ans y est elle plus qu'ancrée. Chacune d'elle se prend comme elle vient.


Encore pendant l'écriture de ce présent article, j'en découvre toujours plus. Rien que cette chanson «Bite», dont le titre à la sonorité germanique, m'a fait décocher un rire sonore. Mais je souhaiterais simplement cibler mon propos sur une courte série de «sketchs» en guise de préambule à une hypothétique étude plus ambitieuse. «les protéines», «le blues» (avec Macmann), «une poêle» (avec Samuel Boudier) s'inscrivant dans la série Et bah tu m'expliques., donne un aperçu microscopique mais compréhensible de ce que le monument Anne Laplantine peut être. Sans se répandre en commentaires superfétatoires (je l'ai placé!), j'invite donc le tout un chacun à s'y perde, à s'abandonner : voici un point de départ, qui sait où cela va vous mener? Toujours avec sérieux, on jettera aussi des oreilles curieuses à l'electronica inspirée qu'elle a pu sortir sous son pseudonyme Angelika Köhlermann.

jeudi 15 novembre 2012

Max Hattler, Rainer Wehinger & Augustin Lesage

Histoire de faire une pierre deux coups, l'introduction à l'univers de Max Hattler est une bonne opportunité pour jeter un regard à ces artistes qui je pense lui font écho. Une pierre, trois coups en l’occurrence. Max Hattler, artiste allemand, s'illustre dans la réalisation de vidéos expérimentales dont la grande majorité ont été primées dans divers festivals à travers le monde. Des vidéos abstraites où il emploie des techniques d'animation comme le stop-motion ou les boucles. Il travaille d'ailleurs aussi à l'élaboration de sons et lumières, et construit les visuels de concerts pour les performance live d'artistes que je ne connais pas. Prenons maintenant le temps de découvrir son oeuvre à travers ces quelques vidéos que j'ai choisi.


Mise à part la mise en place grandiose, ce qui frappe dans X (2012) c'est cette volonté de définir un langage. De créer la synesthésie. Le mouvement des formes géométriques vient souligner naturellement les sonorités tout aussi abstraites soient elles. Ou est-ce l'inverse? La musique se lit dans les formes telle une partition. Cet aspect ludique que procure l'association image/son, on le retrouve dès les années 70 dans le travail de recherche d'un certain Rainer Wehinger. Il a élaboré une partition hors du commun à partir de son propre solfège pour formaliser le collage de musique électronique Artikulation réalisé par Gyorgy Ligeti en 1958. A l'heure de l'internet, la synchro Youtube permet de prendre encore mieux compte du pouvoir de cette dualité.


Pour 1923 aka Heaven et son pendant 1925 aka Hell, la référence est sans ambiguïté. Ces deux animations psychédéliques revoient directement au français Augustin Lesage et ses peintures A symbolic Composition of the Spiritual World respectivement de 1923 et 1925. Ce mineur qui brusquement se serait mis à écouter des voix, lui dictant un travail de peinture d'envergure, qui comme un possédé il réalisera de manière automatique. Le résultat est inclassable pour l'époque, on ne peut que rester coi face aux profondeurs de l'âme qui resurgissent quand le sujet medium, mis en état de transe, créé. Pour en revenir à Max Hattler, on s'abandonnera pour finir sur Sync pour laquelle s'y on en décroche pas à temps peut se révéler violemment enthéogène.

jeudi 8 novembre 2012

Punkryden Mixtape : October 2012


«Putain de mixtape, écrire tu dois!» me soufflait mon petit doigt (magnifiquement et naturellement) courbé par la Providence. Je m'attelle donc une énième fois à cet exercice qui se traduira à la fin par environ vingt-cinq lignes. Peut-importe. Vingt-cinq lignes esseulées incluses dans un seul et même paragraphe bien dense où les idées fusent sans vraiment se rencontrer. Des avis volontairement subjectifs tant il est possible de l'être, des comparaisons foireuses parce que c'est important et rigolo. Mais aussi des mots qui surgissent de là, d'ici, pas commodes pour certains, toudoudou pour le reste, bref des mots. Et ça Anne Sylvestre l'a bien compris. Anne Sylvestre qui m'a séduit littéralement à la première écoute tant si on veut bien lui prêter une oreille ou deux l'écriture se révèle soignée. Une finesse dans le maniement des mots qui touche, un choix cornélien quant à ceux qui vont ouvrir les festivités jusqu'à qu'«Ecrire pour ne pas mourir» viennent balayer tout doute. Définitivement un titre qui parle et laisse sans voix car à partir d'ici la Punkryden Mixtape se fera quasi-instrumentale. Cashmere Cat pour poursuivre, je ne pouvais pas ne pas m'y intéresser : le nom de l'artiste rassemble mes deux grands dada dans la vie, les chats, le cashmere. Le norvégien délivre une electronica qui va réveiller la minette qui est en toi. Brambles m'a tuer. Ca fait longtemps qu'une pièce d'ambiant instrumentale ne s'était pas imposée à moi d'une telle manière. Ce premier titre laisse béat, le clip renforce cette idée de force tranquille nous laissant faire l'expérience du sentiment océanique. Jameszoo dans sa construction d'un folklore imaginaire, c'est le prolongement maîtrisé de Volcano The Bear. Un titre incantatoire au sonorité concrète mais pop donc. Andy Stott m'avait déjà irrémédiablement conquis avec We Stay Together EP en 2011. Deep and deeper, propre à tomber dans une délicieuse transe, il revient égal à lui même alors pourquoi en demander plus. Nils Frahm et son plébiscité Felt, il fallait bien se pencher dessus. A pas feutrés, on entre au coeur de la construction sonique au plus proche de l'instrument pour mieux capter cette atmosphère quasi-palpable. «Kind» m'a semblé le plus approprié car il se fait discret à l'image du musicien jouant tard dans la nuit. Meredith Monk invite au voyage avec son opéra Atlas. «Moutains, canyon, cities, cinebar» tout un programme pour une visite à pas lent et régulier aux confins des territoires inexplorés de l'expérimentation vocale. Brambles de nouveau pour ce premier album coup de maître dépouillé mais certainement pas pauvre. Des ambiances propices à la cinématographie qui s'étoffent d'écoute en écoute. Le monolithe Tim Hecker surgit, prend toute la place, vient encombrer ton conduit auditif. Le Luminarium de Tape pour les températures arctiques ; Animal Hospital pour les fils de son jetés dans l'espace, aussi jouissifs que douloureux. Other Lives vient conclure avec faste, orchestré avec soin, sur un titre annonciateur de bien belles choses quant au successeur de Tamer Animals. Ca ne fait pas du tout vingt-cinq lignes. Voilàh.

1. Anne Sylvestre - Ecrire pour ne pas mourir
2. Cashmere Cat - Mirror Maru
3. Brambles - To speak to Solitude
4. Jameszoo - Slaves Mass
5. Andy Stott - Lost and Found
6. Nils Frahm - Kind
7. Meredith Monk - Travel Dream Song
8. Brambles - In the Androgynous Dark
9. Tim Hecker & Daniel Lopatin - Intrusions
10. Other Lives - Take Us Alive

jeudi 18 octobre 2012

Punkryden Mixtape : September 2012


Je ne sais pas trop comment m'y prendre mais il est nécessaire de prendre une décision. Plus le temps de trouver le moment le plus adéquat pour mettre ce point final sans quoi le lecteur se serait senti désemparé s'il avait été placé volontairement trop tôt. Pourquoi faire durer si ce n'est par habitude, tombant dans la caricature de soi même. La décision vient donc naturellement ; la Punkryden Mixtape s'arrête. J'RIGOLE! (ceci était une drôle histoire négative) Voila pour l'introduction, à ne pas à prendre au sérieux : on va enfin pouvoir parler musique. Notons tout d'abord que ce mois-ci la Punkryden Mixtape se fait radiophonique, les morceaux sont courts et vont pouvoir accompagner tes trajets en voiture. Barna Howard, le chouchou de Jazz, Blues & Co (que s'en est maladif) embraye en douceur ; du paysage défilant tu vas bien profiter car il est gentil il te laisse choisir une fenêtre. Propulsé en Pole Position du classement des bloggeurs 2012, j'aime pas qu'on me pousse mais il faut avouer que ce folkeux à ce je ne sais quoi d'intemporel. Daven Kaller quant à lui n'a aucun problème à se poser dans la BO de ton film d'horreur du 31 octobre prochain. On imagine qu'il sera forcément peuplé de zombies. Car oui, je ne suis pas propriétaire du guide de survie correspondant pour ne pas pouvoir mettre en pratique les salutaires conseils qui y figurent. Une instru minimale aux petits rognons! On accueille ensuite le rock binaire de Deerhoof toujours égal à lui même. On sort la 64 des cartons, notre plombier favoris est à l'honneur.  «Here we go!» Micachu, c'est tout groggy, biscornu, fait de bric de et de broc, susceptible de s'effondrer sur lui-même à chaque mesure mais ça à l'air de tenir quand même. Il y a eu ensuite cette volonté d'aller plus loin que le magnifique La Lechuza. Plongée en eaux profondes avec un titre post-rock formel par les canadiens de Esmerine où l'envie de remontrer à la surface se fait de plus en plus pressante. Non pas Yann Tambour et son magnifique projet qu'est Stranded Horse mais place plutôt au sénégalais Ablaye Cissoko. Ballade accompagnée à la kora à déguster sur un lit de confiture de griottes. Peter Broderick revient en cours d'année avec déjà un second album. Sur ce titre, l'intarissable jeune homme met en musique un flôt indiscontinu de palabres qu'il a couché sur papier se sondant. Le résultat est loin de ce que l'on connait de l'américain. Bonbon pop qu'on culpabilise un peu forcément ; Woods tout pardonné avait marqué 2011 de son Sun and Shade imparable. Barna Howard revient pour notre plus grand plaisir qu'on commencerait même à penser que Jazz, Blues & Co n'a peut être pas entièrement tord. Des quatre saisons, j'en avais le souvenir immuable de l'Allegro de l'Hiver. Max Richter nous fait redécouvrir avec brio les concertos. Ma préférence a évolué vers ce premier mouvement de l'Eté moins tape-à-l'oeil mais tellement plus intense. La chanson me restait sur le bout de la langue et il fallait que ça sorte ; Diane Cluck délivre une folk intimiste, au paroxysme de sa beauté brute sur ce titre en particulier. Enfin, Indian Wells se la joue Chris Watson. Où l'un nous faisait vadrouiller sur cette ligne ferroviaire mexicaine, le second nous fait vibrer au son des échanges durant un match à Wimbledon. VA FAIRE CETTE MIXTAPE !

1. Barna Howard - Let You Pick A Window
2. Daven Keller - Métronome 4
3. Deerhoof - Mario's Flaming Whiskers III
4. Micachu And The Shapes - Slick
5. Esmerine - Le Rire De L'ange
6. Ablaye Cissoko - Soutouro (Le secret du singe)
7. Peter Broderick - These Walls Of Mine II
8. Woods - It Ain't Easy
9. Barna Howard - Tinker Creek
10. Max Richter - Summer 1
11. Diane Cluck - A Phoenix & Doves
12. Indian Wells - Wimbledon 1980

mardi 2 octobre 2012

Ina Mihalache

C'est tout d'abord son élocution singulière qui fait mouche. Une économie vitale des mots, un phrasé décidé, qui confèrent à la jeune fille d'origine montréalaise un charisme tout particulier. C'est que dès son plus jeune age, elle se fera violence pour détacher cet accent québécois au profit -moins déroutant- du français. Installée à Paris depuis 2004, sur fond de Panthéon, je vous propose cette petite introduction où pèse un je ne sais quoi de décisif pour faire connaissance avec Ina Mi-ha-lache. On ne peut plus éducatif, il est sûr que son nom est mémorisé. A suivi le Cours Florent- monteuse à la télévision française- révélée en 2007 avec Deux cages sans oiseaux court-métrage de Mathieu Amalric, pour ma part c'est sous son pseudonyme Solange que Solange me parle.



Solange Te Parle donc. Débutée en en Novembre 2011, compilation de courtes vidéos bien produites mettant en scène Solange jeune fille solitaire et sédentaire, tourmentée par son quotidien, définitivement en proie au Syndrome d'Asperger. C'est la mise en scène de cette indisposition à appréhender le monde extérieur (à elle j'entends) qui trouble, amuse, pousse à la réflexion, indispose parfois. Dans la forme, elle fut tout de suite rapprochée de la clique à Norman Fait des Vidéos, la finesse en plus peut-être. Certains s'amusent à citer Desproges et sa Minute Nécessaire, pour ce goût de l'absurde c'est certain. D'autres crient à la vacuité. A vous de voir si Solange vous parle avec ce clip choisi par mes soins : Garçon. Pour les plus courageux, on jettera un oeil à son travail d'expérimentation sur Réussites/Patiences et ce guide enseignant une Technique de Retournement Nocturne!

dimanche 26 août 2012

Punkryden Mixtape : August 2012


«Kah mee-mee noo-loo Wah!» dirait notre cher ami Furby! En effet, il a raison de se réjouir : les vacances d'été s'achèvent enfin, mettant un terme à cette aridité musicale ; on va enfin pouvoir étancher notre soif de nouveauté! Les chroniques sur mes blogs en favoris vont d'ailleurs pouvoir fleurir de nouveau. — «Kah a-tay lee-koo», s'impatiente déjà la sale bête. On notera que dieu merci pour la blague aucun groupe de post-rock écossais figurera dans cette playlist. Rien que pour ça le diable inquisiteur ne terminera pas en pot-au-feu. Enfin donc, c'est Arch Woodmann qui lâche les chiens (poméraniens). Formation éclatée entre Paris et Bordeaux, c'est la spontanéité réjouissante de l'indie rock panoramique cavalcade (et non pas contemplation) qui nous emporte. Un grand risque que je prends à placer ce titre du  sophomore à venir des australiens de Tame Impala : c'est parier sur le fait qu'en octobre prochain, Lonerism ne dévoile pas un titre qui surpasse en efficacité cet Elephant qui défonce tout sur son passage. Une chose est sûre, ça sue encore et toujours la mescaline par tous les pores. Au titre des comparaisons foireuses, c'est Animal Collective et Cat Power que j'ai envie de rapprocher. Tout deux ayant délivrés un dernier album plus que décevant : l'une en pente savonneuse vers une pop aseptisée alors que les autres bestiaux m'ont perdu provisoirement avec leur bouillasse expérimentale. Pour préserver votre santé mentale, c'est à Chan Marshall que j'ai laissé sa chance (yep!). Viens ensuite la formation classique Rachel's comme pour calmer nos ardeurs rock emmagasinées avec les titres qui précèdent. Une bulle de confiance se forme ; rasséréné, glissons nous-y délicieusement. Et cet alto, cet alto est à pleurer. On lâche les brides de nouveau avec Arch Woodmann ; à déguster sur une plage avec un verre de vin rouge de mauvaise qualité car c'est la Charentes-Maritime qui veut ça. Dan Deacon est de retour avec un album tout aussi barge que la scène de Baltimore peut laisser l'entendre. On jettera un oeil au clip de True Thrush avec son concept ludique, si ce n'est pas déjà fait. Bill Callahan sous son pseudonyme de Smog vient à nous parler de ce qui nous fait les aimer ; en l’occurrence il s'agit de la harpiste Joanna Newsom (potin! potin! potin!) avec laquelle il partagé un temps la vie. Doron Diamond, c'est le genre d'artiste que j'ai écouté uniquement pour la pochette qui a su m'attendrir! L'album lo-fi FARYN et ça s'entend, a la faculté d'emprunter un style différent par morceau. Ici, c'est de l'émo pop qui tirerait les larmes même à Conor Oberst. Quant à France Gall, c'est la petite amie idéale mais de 1963 à 1968 pas plus. Dans cette période pleuvent les titres pop imparables, attardons nous donc sur un qui un peu plus en marge est sorti sur le 45 tours 24/36. Viens les Américains de mewithoutYou et son chant si particulier ; un titre rock définitif histoire de gaspiller le peu d'énergie qu'il nous reste et aborder en quasi transe celui de Pantha du Prince. Black Noise est l'album type qui me fait penser qu'en moins de deux ans mes goûts ont sacrément évolué : de l'indifférence à la vénération quasi-extatique un morceau de minimale qui va loin très loin. On termine sans transition (je progresse, j'ai découvert la fonctionnalité de Cross Fade Out) avec Doron Diamond qui comme promis sait faire preuve d’éclectisme et c'est sur un Bob Dylan électrifié qu'on se dit à tantôt. «Kah may-may u-nye»

1. Arch Woodmann - What Did You See
2. Tame Impala - Elephant
3. Cat Power - Silent Machine
4. Rachel's - First Self-Portrait Series
5. Arch Woodmann - That Summer
6. Dan Deacon - True Thrush
7. Smog - All Your Women Things
8. Doron Diamond - Give Up the Ghost
9. France Gall - Rue de l'abricot
10. mewithoutYou - Grist for the Malady Mill
11. Pantha du Prince - The Splendour
12. Doron Diamond - Jam & Jelly

samedi 11 août 2012

Pour tes beaux yeux...

Un peu comme le mec de QWOP, Suren Manvelyan sait concilier des passions aussi antagonistes que pointues. Ce physicien arménien dispense des cours de physique le matin, poursuit ses recherches théoriques sur le chaos quantique, dont il est spécialiste, la nuit. L'après-midi, il se consacre à ses projets de photographie. Non pas que l'envie me démange de faire un article de vulgarisation sur la physique quantique à coup de Schrödinger Lol Cat mais j'ai décidé à la fois de le faire et de ne pas le faire. Plus précisément, c'est la photographie macro qui le fascine depuis plusieurs années. Naturellement, la thématique des «yeux» a émergé. Il a donc développé une méthode originale de prise de vue pour voir ce qui peut se bien cacher derrière le miroir de l'âme!


Une première série de photographie «Your Beautiful Eyes» vu près de 3 millions de fois par les internautes livre la structure de l'iris comme jamais. On découvre ainsi les reliefs découpées, sculptées de cette partie de notre anatomie digne des plus belles photographies d'exploration spatiale. En plus de son caractère esthétique, son travail peut être considéré aussi avec une dimension scientifique. A noter d'ailleurs que d'après l'artiste les photos sont authentiques, n'ayant subis que très peu de retouches. Cependant la série qui me fascine davantage c'est celle consacrée aux animaux. On ira jeter un oeil à la série Animal Eyes et au travail de Suren Manvelyan en général. Mais en attendant, voici une petite sélection avec l'alouette, le cheval et le husky.




mercredi 1 août 2012

Punkryden Mixtape : July 2012




Face à l’échéance qui arrive à grand pas, c'est dans l'urgence qu'on arrive à accoucher du plus gros de la besogne. La mixtape de Juillet étant fin prête depuis quelques jours, je vais donc précipiter la rédaction de sa description en me laissant l'espace d'une écoute comme seul délai de sa complétion à défaut de la centaine dans laquelle je m'enfonce pour ce pénible souci de perfectionnisme. Bien sûr, l'écoute se fera pas d'une traite car j'entends d'ici le plop tyrannique mais si attachante du Facebook auquel je dois répondre prestement parce que c'est important. C'est donc parti mon kiki! Et pas seulement mon kiki mais avec AU groupe de deux lettres présent dans la table périodique des éléments. Le groupe délivre une pépite pour les gens qui ont l'estomac solidement bien accroché. On embarque donc pour les montagnes russes façon math pop! Toujours dans cet esprit pop aventureuse, c'est avec Doldrums que l'on poursuit dans le train fantôme de cette grande fête foraine qu'est GooseLandia. La comparaison avec l'islandaise à l'origine de l'accent Bjorkien ne peut être considérée comme un crime de lèse-majesté. L'atmosphère est lourde, la chaleur est pesante, qu'il fait chaud! Enfin c'était le cas la semaine dernière, l'occasion donc d'écouter de la musique festive de là où il fait bon vivre! Un titre de Los Miticos Del Ritmo dont on ne présentera pas la chanson originale dont on nous propose la cover des plus originales. Par nostalgie, c'est certain, notre parcours musical s'arrête sur l'indie pop de Beulah. On se surprendrait même à pratiquer l'euphorie tant c'est régressif aux petits oignons. Ça serait vous mentir, te mentir et me mentir de dire que je n'aime pas le titre de Liars qui suit. Et pourtant, j'ai beau avoir une dent contre ce groupe parce que je n'arrive pas à pénétrer la hype des irréductibles qui savent apprécier, c'est sans doute avec le côté dancefloor de l'ouvrage que mon oreille commence à se familiariser avec le son des arracheurs de dents. Thomas Belhom ; je laisse ces demoiselles via Google Image me dire s'il l'est ce Thomas bel homme. Blague à part, on arrive au morceau qui me parle le plus sans non plus être trop bavard car par définition c'est un titre instrumental. Le français propose une ambiance faite de petits rien qui mis bout à bout touche de près ceux qui sont enclin à ouvrir leur yeux. Le paysage invisible qu'il peint touche à l'intime et réveille les sensibilités ankylosés. Le hip-hop rital de Uochi Toki intervient ici pour remplir mon quota ovni musical mais c'est parler trop vite sachant ce qui va suivre! Ça à l'air furieusement nerveux et il fait la poule à un moment. Viens Queen Mimosa 3 et ce que je considère comme définitivement le tube de l'été et de dimension planétaire s'il vous plait. Pop electro glam trash gay friendly, on délaisse les étiquettes pour s'oublier en dansant dans ma chambre. On jettera un coup d'oeil au clip que Gregg Araki n'aurait pas renié. L'autre ovni, c'est Biosphere qui se la colle en déstructurant l'opéra de L'incoronazione di Poppea de Claudio Monteverdi. J'insiste pour rapprocher ce travail avec celui de The Caretaker qui déconstruit aussi cette année la face à Schubert dans son Patience (After Sebald). Frank Ocean ou j'en viens à me surprendre qu'un titre R&B soit placé ici-bas mais c'est la Mixtape qui décide. Elle a bon dos, la Mixtape. C'est pas moi qui le dis, mais la Mixtape. Comment j'essaye de noyer le poisson, c'est hallucinant. La mère tombe dans l'herbe et mourut. 

1. AU - Solid Gold
2. Doldrums - Egypt
3. Los Miticos Del Ritmo - Otro Muerde el Polvo (Another One Bites the Dust)
4. Beulah - Emma Blowgun's Last Stand
5. Liars - No.1 Against the Rush
6. Thomas Belhom - Ciel
7. Uochi Toki - Tigre contro Tigre
8. Queen Mimosa 3 - Topless (feat. Noémie Alazard Vachet & Igor Dewe)
9. Biosphere - Mutata
10. Frank Ocean - Pyramid

vendredi 27 juillet 2012

Objectif Ahun

Équipé du I-Téléphone de la marque Appel, le jeune homme à la tête d'oie partait avec un avantage décisif. Et oui, le dispositif de téléphonie mobile via son service de vente centralisée à 99c communément appelé Appel Chtore proposait le must have de la camelote : «RunKeeper». Un outil perfectionné qui aussi vite que la lumière du son calcule en temps réel la position du bonhomme sur la carte pour en restituer un joli compte rendu quand se fut eu fini. Le jeune homme grattait sa tête d'oie non pas parce que ces explications ne le satisfaisait pas mais parce qu'elle grattait vraiment. En même temps, il y avait beaucoup plus grave : la pression des pneus. Cette dernière était inacceptable, il se mit donc furieusement à pomper même s'il ne se passait rien de peur qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas. Il ne se passa finalement rien qui fit vaciller la détermination de l'animal ; son regard de bayte était comme un puits sans fond que quiconque s'y serait plongé en resterait tremper jusqu'aux os jusqu'à la mort! Le jeune homme posa ses mains d'être humain sur le guidon (avant de dire à sa maman qu'il allait faire un tour mais qu'il reviendrait pour le goûter), ses pieds d'être humain sur le pédalier, et la tête d'oie poussa un cri déchirant qui fit trembler la plaine de la Creuse. «Go Ahun!» pouvait-on entendre de La Saunière à Ahun en passant par St-Yrieix-les-Bois mais en revenant par St-Hilaire-la-Plaine.


«Samsung PL81» en mode automatique, telle était la configuration complexe que le jeune homme à la tête d'oie avait mis en place pour immortaliser les premiers pas de son périple. Redimensionnement, retouche de contraste, de luminosité, de teinte et correction gamma (aucune idée de ce que ça fait) pour retranscrire avec sincérité ce que ses yeux d'oie ne pouvaient persister éternellement. L'église de La Saunière et le Château du  Théret, des jalons inévitables de cette grande épopée!



La trace du passage de l'homme moderne (ou de l'oie moderne) s'amenuisant au fil de son parcours, le jeune homme à la tête d'oie s’appropria de nouveaux repères l'aidant à progresser. Le paysage de bocage, la forêt à perte de vue, les rangés d'arbres cerclant ces routes de campagnes sinueuses, autant d’éléments que notre jeune héros s'empressera de partager à son retour. Les routes qui résolument ne font que monter sans jamais redescendre, un souvenir nébuleux dont il ne sait vraiment s'il a existé tant le soleil était splendide.  



La tête d'oie n'en croyait pas ses yeux après une durée qu'il n'évalua pas tant la médiocrité de la performance lui ferait honte : Ahun! Il arpenta la rue principale avec une joie non dissimulée, multipliant les prises de vue et ainsi tentant de faire honneur à cette bourgade typique de l'architecture Creusoise. En s'aventurant guidé par la signalisation routière, il déboucha sur le plan d'eau dont il fit le tour pour démentir l'idée qu'il s'était fait de ce mirage éphémère tout droit sorti de son imagination féconde!





Le retour par la nationale fut l'enfer sur Terre. Ce vent chaud et sec qui balayait son bec de droite à gauche, le vélo tout terrain qui déraillera par deux fois en plus d'être définitivement pas adapté pour cette route droite qui n'en finissait pas. Et cette soif, accablante. Une traversée du désert où l'esprit s’égare en conjecture quant à cette limite incertaine où il basculera dans un ailleurs. Les caravanes, les voitures, les caravanes de voiture qui le dépassent continuellement. «Du gâteau!» Une part en l’occurrence avec la bière du héros, mon dieu, qu'est-ce que ça fait du bien d'être à la maison pour l'heure du goûter!

samedi 21 juillet 2012

True Trush

Dan Deacon est un compositeur/performer totalement délirant de musique électronique provenant de Baltimore. En évoquant Baltimore, tout est dit. Cette ville du Maryland est source d'une effervescence créative hors norme qui peut tout expliquer : Edgar Allan Poe et son Corbeau, John Waters et sa Divine, j'ai une pensée aussi pour les tarés de chez Animal Collective... Bref, Dan Deacon lui aussi est atteint par cette folie contagieuse qui va faire imploser ton cerveau. Mais c'est surtout pendant ses live que derrière son fatras de pédales à effets, jouets d'enfants et bidouilles électroniques que la messe est dite. En plus de faire danser les techno-geek hallucinés que nous sommes, toujours avec l'idée de surprendre, ses shows sont l'occasion d'impliquer le public dans une spirale de mini-jeux qui dans la bonne humeur tournent souvent au gros n'importe quoi.


En attendant son nouvel album «America» qui doit sortir le 27 août prochain, c'est un clip complètement déjanté qu'il nous propose. La vidéo de «True Trush» se base sur le principe du «téléphone arabe» mais en beaucoup plus fou-fou! En effet Dan Deacon et son pote Ben O'Brien ont décidé de tourner une courte séquence de 13 secondes. La vidéo est ensuite montré une fois à une autre équipe de deux personnes (provenant de la scène artistique de Baltimore). La nouvelle équipe a une heure pour recréer la séquence, impliquant le décors, les costumes et les actions des personnages. Tant d'éléments à mémoriser que lors du passage de la 19ème équipe qui se base sur le travail de la 18ème, on est loin du compte! Et dans toute sa splendeur, ça vire à un joyeux n'importe quoi! 

Dan Deacon - True Trush

mardi 17 juillet 2012

Le mec de QWOP

Je l'ai regardé, il m'a regardé, on s'est regardés. QWOP, j'ai rencontré le mec de QWOP. Bennett Foddy, de son nom, philosophe à l'Université d'Oxford le jour, écrit sur les questions morales que peuvent entraîner l’usage des nouvelles technologies et entre autres l'addiction qui peut en découler. Mais la nuit, dans un élan de procrastination vis à vis de sa profession diurne, il se change en vil créateur de jeux vidéos qui vont pourrir ta vie! En effet, avec QWOP, son jeu le plus plébiscité négativement et encensé par de multiples mails de haine, le joueur que tu es devient vite névrosé. Le principe est pourtant simple ; on incarne un athlète qui court le 100m. Cependant Bennett a fait en sorte que l'action la plus évidente pour nous tous requiert un apprentissage : la capacité de marcher. En tapant rageusement sur les quatre touches Q, W, O et P contrôlant une cuisse ou un mollet du sprinteur, on se laisse aller à effectuer toutes sortes de joyeuses cabrioles voire même de parcourir une distance négative... Face à l'euphémisme qui voudrait que le jeu soit un peu dur, une communauté s'est créée au travers d'un mème, les uns vont rager, tandis que les autres vont se moquer du grotesque des positions désarticulées que peut prendre l'athlète. Bennett n'est pas à son coup d'essai ; on retiendra GIRP nominé à l'IGF 2012, la frustration moindre mais tout autant addictif.


C'est qu'en fait Bennett, en plus de tous ses vices, est aussi un ancien membre fondateur du groupe de rock Cut Copy où il officiait en tant que bassiste. Leur dernier album Zonoscope sorti en 2011 a eu une bonne réception par les critiques. On notera au passage que la pochette de l'album reprend un photomontage de  l'artiste japonais Tsunehisa Kimura qui fait figurer dans son travail des scènes d’apocalypse urbaine totalement surréalistes. Donc Bennett, dans l'optique de faire rager ses anciens camarades du groupe, a décidé d'éditer un mini-jeu visuellement très rose incluant le titre le plus long (15min) de leur dernier album : Sun God. Pas aussi «méchant» que ses autres jeux comme il le dit lui même, l'idée consiste juste à expérimenter la chanson d'une manière plus immersive. Pour se faire, il va falloir apprivoisé le gameplay assez simple où il suffit de faire sauter un personnage puis presser de nouveau la même touche pour qu'il tire sur la corde entraînant le second personnage vers l'avant qui a son tour entraînera le premier dans un mouvement d'inertie qui se répétera inlassablement. Le rythme ainsi maîtrisé, on pourra flotter tout du long de la chanson, sans escale pour les plus habiles. Pris dans la répétition du gameplay, les décors roses qu'on distinguent de moins en moins et la musique qui se fait de plus en plus deep, l'expérience est totalement psychédélique au point que le but est atteint : on fait corps avec la chanson. Le jeu est disponible sur le site de Pitchfork.

mercredi 4 juillet 2012

Punkryden Mixtape : June 2012



Me voila enfin prisonnier de mon propre concept. Le moment où tu dois sortir tout l'attirail de chasse pour débusquer la bonne chanson alors qu'elle ne vient plus à toi naturellement. Dans l'idée de punir l'auditeur de cette déchéance qu'il m'en coûte et parce que la sélection de Janvier n'a pas rencontré le franc succès tant espéré, oui je suis rancunier, le Blob revient vous ingérer tous autant que vous êtes! Otto Von Schirach ouvre donc le bal blanc avec son break core tout autant horrifique que horripilant. Attention, ça rampe dans ta direction! La mort par asphyxie n'étant pas suffisante, c'est Sol Invictus et sa dark folk à t'arracher les tripes qui continue à s'acharner sur ton petit corps désarticulé. En plus de ruiner ta dernière chance de salut avec son «No Gods», reste un titre dépressif un peu baroque un peu britannique qui crache son dernier souffle avec un panache non dénué d'élégance. C'est pas le moment de fuir, sauf si c'est avec le dernier titre de Yoann Lemoine connu sous le nom de scène de Woodkid. Le jeune homme qui réalise Katy Perry, qui monte Lana Del Rey, ici c'est lui même qu'il se vidéo-clip ; la mise en image de la chanson est grandiose. Le prochain titre est de Gareth Dickson ; on ne peut plus poisseux, parti rejoindre sa bien-aimée au Mexique, il s'y fait mordre par un chien, évitera par miracle la mort suite à une fusillade avant que son avion prenne feu et ait failli se crasher. Le mauvaise oeil tombera maintenant sur toi qui écoute le song-writter. Nico Muhli lui te diagnostique Alzheimer ; le jeune prodige construit une polyphonie vertigineuse de mots qu'il a sondé au fin fond de sa mémoire, l'ouvrage étant souligné par une orchestration classique virtuose. Camille et son improbable reprise de Johnny Halliday vient te faire rougir de honte quand tu découvres que les paroles ainsi réinterprétées sont assez charmantes en fin de compte. Qu'est-ce que tu te remues encore, petit agité? Death Grips assène un sacré coup de massue avec son hip-hop rugeux et corrosif qui va calmer tes ardeurs une bonne fois pour toutes. On ne peut plus Clément, c'est le titre de Julia Holter que j'ai choisi pour apaiser ta peine. La jolie californienne délivre une pop un peu désaxée qu'on me reprochera pas de comparer à celle de la tentatrice Natasha Khan. Huun-Huur-Tu, groupe de musique folklorique originaire de Touva, république russe coincée entre la Sibérie et la Mongolie signe ton exil et propose depuis 1992 la mise en avant de leur pratique du khöömei autrement appelé chant diaphonique. Suivra un titre instrumental pour continuer à s'imprégner de leur culture qui sera bientôt définitivement la tienne. On termine donc avec Joris Delacroix et un titre de minimale qui se veut euphorisant car oui si tu en es arrivé là, je te félicite, je te récompense. Ce choix ayant été fait exceptionnellement par mon homonyme auquel j'ai attribué le numéro 2 pour éviter toute confusion avec ma personne. Merci à toi numéro 2. Conclusion  : la glace à l'orange n'est pas aussi tip top tree qu'espérée.

1. Otto Von Schirach - The Blob
2. Sol Invictus - No Gods
3. Woodkid - Run Boy Run
4. Gareth Dickson - Nunca Jamas
5. Nico Muhly - Mothertongue I:Archive
6. Camille - Que Je T'aime
7. Death Grips - Hacker
8. Julia Holter - Our Sorrows
9. Huun-Huur-Tu - Chylandyk & Daglarim
10. Joris Delacroix - She

samedi 30 juin 2012

Pythagore ou L’école d’Athènes

“Le carré de la longueur de l’hypothalamus est égal à la somme des carrés des lombaires des deux autres côtés.” C’est dans les grandes lignes ce que tout élève de 4ème est en mesure de régurgiter quand on lui évoque le nom de Pythagore. On connait le théorème mais personne ne sait vraiment à quel énergumène on lui attribue la paternité. Avant même sa naissance, il était déjà dit qu’il allait terminer dans ton manuel de mathématiques. En effet, la Pythie de Delphes aux détours d’une énième inhalation de vapeurs psychédéliques, avait annoncé à son père le caractère exceptionnel du futur rejeton. Le papa tout content décida alors d’appeler son fils celui qui fut «prédit par la Pythie». Pitié, j’en envie de dire. C’est un peu comme appeler son fils «Batman», «Zidane» ou «Skywalker» ; avec de tels prénoms ça n’en fera pas un messie -sauveur de Gotham City, la coupe du monde de football, l’univers tout en entier- pour autant. Et pourtant, malgré les probables railleries de ces petits camarades à l’école de la vie, Pythagore était déjà de ceux qui se distingue : grand sportif car dès l’âge de 17 ans il avait performé sèvère aux JO dans les compet de pugilat. Pythagore, pas le genre de type à qui fallait chercher des noises donc.

On dit que les voyages forment la jeunesse ; après le culte du corps, Pythagore à l’âge de 18 ans part s’initier aux grands Mystères. Il bourlinguera pas mal de l’Egypte à la Crète en passant par le Liban. Pendant près de 20 ans, il sera donc initié au contact des mages, hiérophantes et autres prêtresses desquels il suivra les enseignements. Ils feront des maths quoi. Appliqué à l’astronomie, la géométrie, etc. Mais le tout dans un cadre très empreint de mysticisme, dans un vrai esprit d’ésotérisme. On peut facilement imaginer notre ami Pythagore après un jeune d’une semaine recevoir enfin l’enseignement sacré d’un type en toge dont le visage est caché par un masque de hibou : «Du second degré l’équation tu résoudras, son discriminant d’abord tu calculeras!». Fort de ses expériences, il reviendra au Pays fonder ses communautés pythagoriciennes, confrérie assez sectaire où tu rentres pas si on aime pas ta frimousse. L’école couvre tous les domaines de la vie : musique, politique, médecine, etc ; on y mange des légumes, on respecte sa femme et on fait des maths! On y fait voeux de silence pendant 5 ans car à l’issu de cette période quand tu ouvres la bouche c’est pas pour sortir un troll. Certains aussi font des grandes découvertes comme Pétron qui était convaincu de la pluralité des mondes et donnait d’ailleurs le nombre de 183 ; car oui 183 si tu disposes les mondes comme ça, t’as vu, bah, ça fait un triangle.


Des représentations du bonhomme, j’ai envie d’introduire celle du peintre italien Raphaël : L’école d’Athènes. Toile exposée dans «La Chambre des Signatures» au Vatican, c’est celle que je trouve la plus exceptionnelle. «La Chambre des Signatures» étant la pièce où le Pape effectue des signatures. S’il était grand fan des profiteroles, la pièce se serait sans doute appelée «La Chambre des Profiteroles», ce qui n’est malheureusement pas encore le cas. Dans son oeuvre Raphaello a voulu rassembler toutes les figures majeures de la philosophie antique auquel pour certain il colle le visage d’un artiste qui lui est contemporain. Par exemple, au premier plan, boudeur, on retrouve Héraclite (9) le philosophe pessimiste sous les traits de... Michel-Ange. Connaissant le caractère relou de ce dernier et ses relations tendus avec son rival Raphaël, je pense pas que ce soit vraiment un hommage. Sans me lancer totalement dans une description fastidieuse, lumière sur Diogène de Sinope (12), le type qui glandouille sur les marches (mon préféré). Premier punk à chien de l’histoire, il est représenté avec son écuelle car oui histoire de faire rager les conformistes, il s’était mis en tête de vivre comme un chien. Là haut, c’est Platon (10) sous les traits de la jouvencelle Leonardo Da Vinci. Enfin, à gauche, Pythagore (5) focalisé sur son bouquin ; sûrement entrain de se demander si ça serait pas mieux de remplacer hypothalamus par hypothènus ; ça changerait quoi?