mercredi 30 mai 2012

Punkryden Mixtape : May 2012


Il fait beau et chaud ; l'heure est à tomber le costume-cravate au profit de son short blanc favoris. C'est qu'on est bien dans son short blanc. On y respire par tous les pores même s'il faut l'avouer : il est un peu sale à force de le porter. Ça n'arrête pas le «King Of Spain», qui lui, a tout compris. Notre ami suédois Kristian Matsson a.k.a. l'homme le plus grand de la Terre vient te souffler le vent frais de la liberté! Je vois sur ton visage ce sourire qui s'esquisse puis se précise et sans crier gare tu cours, cours, tu cours jusqu'à où cela peut bien te conduire. Poursuivons donc la route avec Nicolas Jaar. Mais n'allons pas tout gâcher avec sa production studio un soupçon clinique de 2011 «Space Is Only Noise» : un morceau léger car Rien ne sert de courir ; il faut ménager sa monture. Will Stratton, Will Stratton, retiens ce nom, dans mon panthéon sonique, il fait déjà parti des plus grands. Que ce soit le label bordelais Talitres qui distribue ce chef d'oeuvre  qu'est «Post-Empire» en France ou encore le grand Sufjan Stevens qui a pris sous son aile le jeune homme, ils ont eu du flaire. «Limit To Your Love», en 2010, on pouvait l'associer à la soul de James Blake et surtout cette infra-basse orgasmique que seuls les possesseurs de casque audio et les éléphants pouvaient entendre! A l'origine issue de «The Reminder» de Feist, ici, ce sont les post-bopper de BadBadNotGood qui en font une reprise pas dénuée d'intérêt. Le ton était donné dès le début : on va n'importe où! C'est le super groupe Anywhere, un brin de At The Drive In, un soupçon de The Mars Volta qui nous parachute là où le soleil tape sur le système et où le cactus se mange pour ses effets enthéogène. La redescente se vit en douceur avec Yoshinori Takezawa et sa folktronica aux tonalités nippones identifiables dès les premières secondes. Will Stratton de nouveau pour l'élégance des mélodies et cette vérité qui te fouette le visage de pleins fouets : cet album est la plus belle chose de 2012 so far. Petite plage ludique de Actress pour nous préparer les oreilles à ce qui va suivre : Johann Johannsson. Je place aujourd'hui un titre de cet album «And In The Endless Pause There Came The Bees» (2009) à charge de revanche : remplir son ventre de kebab ne justifie pas de se dérober à telle transcendance. On clôt enfin ce chapitre avec le groupe de Jekyll (XSilence) qui n'a rien à envier aux mâstres que peuvent être les Explosion In The Sky. Un très beau clip réalisé par Alexis Taburet et Willène Pilate contentera les curieux. Tropicoolos!

1. The Tallest Man On Earth - Leading Me Now
2. Nicolas Jaar - Encore
3. Will Stratton - The Relatively Fair
4. BadBadNotGood - Limit To Your Love
5. Anywhere - Anywhere
6. Yoshinori Takezawa - Estrella
7. Will Stratton - At The Table Of The Styx
8. Actress - Ascending
9. Johann Johannsson - City Building (Alternate Version)
10. Lovely Girls Are Blind - Hypo

dimanche 20 mai 2012

Book Of Days (1988)

«We liked each other very much. She's a lovely spirit». C'est de Björk dont il s'agit. Quel meilleur moyen que de reprendre un titre de son artiste favoris pour attirer son attention et ainsi se lier d'amitié avec elle? «Gotham Lullaby» est la reprise qui sera le point de départ de l'affection réciproque entre l'artiste islandaise et cette grande compositrice et interprète qu'est Meredith Monk. Oui car «Musical America», le plus vieux magazine américain consacré à la musique classique ne s'y trompe pas, en nommant en 2012 cette dernière «Composer of the Year». Le travail de Meredith mêle les disciplines que sont la musique, la danse et le théâtre mais c'est avant tout pour ses techniques de voix étendus qu'elle est considérée comme exceptionnelle : chuchotements, cris, sanglots, grognements, chant diphonique sont matières premières pour raconter des émotions que le langage commun se bute à représenter. Issue de la vague minimaliste dont elle refuse l’appellation, telle un lisser, elle tisse une instrumentation répétitive sur laquelle elle peut «sauter, s'envoler» et faire disposer à sa voix de tout l'espace possible.


La carrière de près d'un demi-siècle de Meredith Monk est source d'émerveillement. Attardons nous juste sur Book Of Days (1988). C'est pendant l'été 1984 qu'elle sera visitée par la vision noire et blanc d'une jeune fille, viens ensuite une rue médiévale d'un quartier juif... Cette étrange rêverie se verra concrétisée sous la forme d'«un film pour les oreilles» dont les les chansons seront publiés par la suite sur un album en 1990. Dans ce petit village médiéval, il y ait fait l'objet de Chrétiens habillés en blanc, de Juifs vêtus de noir. La peste s’abat sur les deux communautés, les Juifs sont blâmés. C'est dans ce contexte historique qu'une jeune fille Juive aura des visions d'une autre époque, identifiables comme un avion, un pistolet et une voiture... Outre, on s'en doute, l'aspect très conceptuelle de la mise en scène puis la photographie travaillée avec soin, c'est la musique qui est avant tout mise au premier plan.

Le film s'ouvre sur l’intrigante ruelle médiévale et le titre Dawn, tous deux d'une obscure beauté. Le film est ensuite ponctuée d'interview de différents personnages qui participent activement à l'histoire ou non. Ces entretiens avec les protagonistes sont fascinants car les questions sont posées sans soucis de temporalité : on ne sera pas choqué de découvrir que le soldat ne connait pas son âge. Le conteur esquisse un sourire moqueur quand on lui demande s'il sait nager. Ou encore il y a l'incrédulité du médecin quand on le sollicite sur comment soigner le stress. Ces passages sont d'une humanité déconcertante car ils jettent des ponts entre les époques ; ils nous offrent la chance de s'approcher au plus près de ce qu'était l'homme en son temps. Le film brouille les pistes en proposant aussi danse et théâtre ; coup de coeur pour cette chorégraphie démente. Le film est accessible en intégralité sur Youtube.

jeudi 17 mai 2012

La Vengeance du Monocle Noir

Le clivage classique entre la capitale et la province n'a jamais été aussi vertigineux. La Creuse, département dont je suis originaire, est en état d'alerte. Les préjugés sont tenaces ; moi même le premier, je suis numéro un pour pointer du doigt la vache Limousine qui s'abreuve dans la piscine. Arbore un sourire benêt en empruntant l'escalator du Monoprix à Guéret car oui c'est le seul du département. Le Sénéchal, unique cinéma de la ville, n'a d'art et d'essais que la taille familiale des salles de projection. Cris au fake en me promenant sur Google Street car là j'y croise... des gens dans les rues le dimanche! Bref, si l'imagination te fait défaut, c'est à y faire un anévrisme. Mais quand les journaleux panamiens du canard branchouillard Technikart y viennent de leur couplet, tout pète!


«La Bouse ou La Vie», le titre de l'article polémique annonce déjà la couleur. Tous les préjugés éculés y passent, Alexandre Majirus, le rédacteur, sur un ton évidemment ironique pas totalement compris, se la joue parisien pédant délivrent un guide de survie en territoire zombie en usant de termes fleuris comme «bouseux» ou «consanguins». Forcément, ça ne plait pas aux intéressés. Un peu à la manière d'internautes privées subitement de leurs streaming Mégavidéo (ou Mégaporn), les Creusois ont déversés leur ressenti à propos de Paris et ses habitants sur les réseaux sociaux tout en pratiquant dans la foulée un petit DDoS de l'auteur du torchon, qui doit désormais maintenant communiquer plus que par signaux de fumée. Non pas indifférent à la controverse, jusqu'au maire de Guéret est monté au créneau.  A l'heure qu'il est, la hâche de guerre n'est pas encore enterrée.

L'effervescence culturelle n'est certainement pas celle des quartiers bobos de la capitale, mais la Creuse a le mérite d'essayer. Et qu'à défaut d'être consanguins, nous on est sanguins! Cet article ne sert donc à rien. Sauf peut-être à s'intéresser de plus prêt à ce qui fait l'hymne de nos compagnes. Voici donc la réponse de Thibault Blond, à la tête de RPG 96.5FM (Radio Pays de Guéret). Radio locale sur laquelle à chaque fois je règle mon récepteur pour la richesse de sa programmation et pour dire, je ne reconnais jamais rien, voguant de belles découvertes en belles découvertes. C'est à travers Le Monocle Noir, émission radiophonique diffusée sur ces ondes, patchwork sonore, détournement de dialogues, mix à caractère informatif que les choses reprennent petit à petit par elles mêmes leur place dans l'univers.


dimanche 6 mai 2012

Punk Ryden - Punk Ryden (EP) (2012)

Le Punk Ryden (EP) est ne pesons pas nos mots un chef d'oeuvre sans nom (Punk Ryden). Il marque de l'empreinte de sa botte notre année 2012 par la révolution qu'il va entraîner. Initialement mise en branle en 2005 (date choisie au hasard), la machine de guerre Punk Ryden n'arrête pas de surprendre même les plus petits d'entre nous. Après plusieurs release (2007, 2010) , le concept a enfin atteint sa forme ultime et il est pas peu dire que c'est de la bête de bombe. La déflagration est telle qu'on en revient pas indemne ; certains en arrivent même à douter que le concept eusse put être amené à degré d'aboutissement si élevé par simple âme humaine. Bas les euphémismes et place à l'Art.

Le Punk Ryden (EP) est transgénérationnelle, de par le foisonnement d'influences mais aussi parce qu'il réconcilie quatre ascendances de Guitar Pro (outil d'édition de partitions) : 3, 4, 5 et 6. Des titres comme «Montreal Is On Fire» ou «2012» viennent témoigner des plus anciennes versions de l'outil et le charme poussiéreux du midi. Prenons «World Area Network», lui, raconte les débuts du Realistic Sound Engine (RSE) et la version 5. Finalement «Marche Des Zombies Militaires» manifeste la flexibilité de production qu'apporte la toute dernière mouture de l'outil de par l'apparition des pédales à effets et consoles de mixage. Un vrai voyage dans le temps!

Le Punk Ryden (EP) est son propre maître ; il suit ses propres codes. La genèse de l'oeuvre se traduit par un contact avec la matière sonore qui lui est propre. On peut comparer le travail qui en découle avec celui d'un bel enfant s'appropriant un instrument pour la toute première fois. Mais le Punk Ryden (EP) sait aussi jouer avec les contraintes, des règles qu'il a lui même choisi pour proposer un son plus conventionnel qui puisse séduire autant les foules que le petit hipster teigneux. C'est ainsi que l'on passe de la pop progressive au rock fédérateur en passant par la new age, l'avant-garde ou encore la bande son d'un film imaginaire sur des zombies militaires qui feraient de la randonnée. Le Punk Ryden (EP), c'est pénétrer dans un monde chamarré et l'adopter.

Le Punk Ryden (EP) est à prix libre mais nécessaire soit 1$ et plus. Faite vivre les artistes! De plus, la possibilité est offerte de s'approprier le single «Waterloo» pour la modique somme de 0.5$ : les plus astucieux d'entre vous remarqueront la bonne affaire. Et pour couronner le tout, les deux premiers à poster des commentaires recevront des codes cadeaux pour télécharger le morceau bonus «The Punc Song» figurant dans le zip de l'album acheté au prix que vous aurez fixé. Comme dirait Morsay, clique s'il te plait.