samedi 27 juillet 2013

Daniel Benmergui : créateur de jeux expérimentaux

Daniel Benmergui est un développeur de jeux vidéos indépendant argentin. Sur son blog, il se définit comme créateur de jeux expérimentaux. Quelle peut bien être cette «expérience» dont serait issu ses jeux? Par cette appellation serait-ce l'«expérience» vécu par le joueur qu'il entend évoquer? Oublions ce qualificatif un peu sombre et approximatif pour trouver ensemble une dénomination qui siérait mieux à ses jeux, histoire de pouvoir les mettre dans une case et ainsi remettre un peu d'ordre dans l'univers. Cet article est une bonne opportunité pour se laisser aller à faire l'«expérience» de quelques uns de ses jeux, tous très courts (2-3min), profitons-en. Surtout que certains ont pu faire l'objet de récompense dans des festivals comme l'Independent Game Festival ou l'Indicade entres autres.


On commence donc avec The Trials et I wish I were the Moon que j'ai classé ensemble pour leur gameplay identique. Le joueur prend des clichés des éléments de l'environnement pour ensuite libérer le contenu de la photo à un autre endroit. Dans le premier jeu, il effectue une duplication, tandis que dans le second il déplace cet élément. Dans The Trials, le joueur doit répondre à trois mini-objectifs qui dans les grandes lignes consiste à sauver la princesse. On notera que le premier objectif peut-être résolu de trois manières différentes (c'est une invitation à répondre à ce défi!). Dans I wish I were the Moon, encore plus minimaliste, l'idée est de trouver les huits fins possibles dans cette relation triangulaire qui fait intervenir le garçon, la fille et... la Lune. So romantic!


On continue avec Today I Die, qui pour le coup, a un concept qui va un peu plus loin dans l’abstraction. Passé le soin apporté à l'habillage sonore avec la mélodie au piano de Hernan Rozenwasser, on se laisse décontenancé par le gameplay étrange qui nous invite... à déplacer des mots. Ces derniers viennent s'inscrire dans un poème dont le sens ensuite prend vie! Le verbe «shine» nous fera luire tandis que l'adjectif «dark» fera tomber l'obscurité. En cherchant un peu, on peut trouver d'autres mots et ainsi tenter de nouvelles combinaisons. Des combinaisons! Les jeux de Daniel Benmergui sont des jeux de combinaisons. On tente des combinaisons et on observe les conséquences de ces multiples possibles. Dans Today I Die, c'est l'«expérience» des différentes réalités qui amène le voyage métaphysique vers une des fins considérée comme plus heureuse.


Son dernier jeu en date est par contre on ne peut plus pleins de promesses. Toujours en développement (prévu fin 2013), dans Storyteller, la notion de combinatoire y est poussé à son paroxysme. En effet, le jeu est un puzzle-game qui consiste tout simplement à construire des bandes dessinés en assemblant des personnages, des objets, un décor et des bulles de texte. La conséquence du rapprochement ou l'éloignement de tel personnage avec tel autre personnage ou objet sera instantanément visible dans les cases suivantes. Bien sûr, le joueur a un objectif a atteindre et avec les éléments qu'il a à disposition doit construire son histoire pour y répondre. Le jeu possède un blog pour observer l'avancement des développements. En attendant on peut se faire la main sur le prototype qui lui n'a d'objectif, que de faire des «expériences».

dimanche 21 juillet 2013

Daenerys Targaryen & Mary Anning

Les équipes de com' ne sont jamais vraiment à court d'idées pour faire le buzz mais il va s'en dire que c'est mieux quand elles tiennent la bonne idée. Celle qui se distingue par son inventivité et sa subtilité. En l’occurrence, Blinkbox, service de vidéo à la demande en ligne basé aux UK, a tapé fort le 15 juillet dernier. C'est sur une plage du Dorset en Angleterre que des badauds - au détour, au hasard, d'un footing matinal - ont pu découvrir un immense crâne fossilisé rejeté par la Manche. Un crâne aux dimensions rivalisant avec celle d'un bus londonien, et pas n'importe quel crâne, un crâne de dragon! Nous voila donc avec la preuve irréfutable que ce monstre de mythes à bel et bien exister dans des temps révolus. En vrai, c'est un coup marketing opéré par Blinkbox pour célébrer l'arrivée de la troisième saison de Game of Thrones sur leur service. La sculpture de douze mètres de long, trois de haut, fruit du travail d'une équipe de trois artistes, a quand même pris deux mois pour se voir concrétiser. Le résultat est là, Blinkbox a enregistré une hausse de six cents pour-cent sur ses recettes le jour du lancement. Et pendant ce temps là, Daenerys Targaryen et ses dragons marchent toujours sur Westeros...


En fait, le choix du lieu n'est pas anodin ; le littoral du Dorset autrement appelé Jurassic Coast rentré au patrimoine mondial de l'Unesco compte de nombreux sites dédiés à la géologie et la paléontologie. Il y a deux cents ans, une certaine Mary Anning, fillette de douze ans, arpentait déjà ces plages avec une passion bien à elle. Collectant les «curios» (petits fossiles) qu'elle revendait ensuite aux touristes et collectionneurs pour subvenir au besoin de sa famille, c'est là qu'elle fit une découverte qui changera pour toujours le regard qu'avait la paléontologie sur ces étranges crocodiles. En effet, elle va découvrir le premier squelette complet d'ichtyosaure ; suivi quelques années après du tout premier plésiosaure. A une époque où il est admit que Dieu créa tous les êtres vivants à la Création et qu'il est impensable qu'il laisse une espèce s'éteindre - son oeuvre étant parfaite -, elle vient bousculer non sans douleur l'argumentaire anciennement basé sur la foi. Sa condition de femme la laissera cependant toujours en marge des réels honneurs qu'elle aurait pu recevoir si l'époque n'avait pas été si sexiste. Le mieux étant d'aller jeter un œil à sa biographie et celle de sa complice Elizabeth Philpot dans l'ouvrage romancé «Prodigieuses Créatures» de Tracy Chevalier.