lundi 2 novembre 2015

SolangeBouffeTaCultureChallenge - Octobre


1. La Maison des Feuilles (Mark Z. Danielewski, 2000)
Maison des Feuilles est un OuLiPo qui s'efforce perpétuellement de se réinventer sans cesse. Pas choquant quand l'intrigue majeur prend place dans un labyrinthe aux dimensions mouvantes à l'abstraction glaçante (dont NaissanceE a du tirer son influence). Je retiens surtout ce sentiment de fascination qui nous y fait s'y replonger, cette excitation malsaine qu'on aime à goûter une fois que les ténèbres nous sont familières. Quadruple mise en abyme, j'ai pris goût qu'au deux premières (le cinéma de Navidson dont Zampanò fait la critique) de part l’originalité de l'approche et la liberté d'évocation, de digression critique qu'elle permet. Un peu plus réticent quant aux copieuses dérives de Johnny, premier éditeur de l'ouvrage, qui m'a moins intéressé et dont on arrive pas bien à voir le rapport avec le schmilblick. Wikipédia


2. Everybody's Gone to the Rapture (The Chinese Room, 2015)
Trois ans après la grâce de Dear Esther, The Chinese Room revient avec un titre tout aussi énigmatique mais somptueux. Une fois accepté qu'il y a rien d'autres à faire que marcher, à l'instar d'un The vanishing of ethan carter, c'est la claque visuelle et auditive. Dans une vallée du Shropshire, un village britannique et ses alentours vidés des ses habitants, on avance à petit pas dans une intrigue SF qui mêle surnaturel et providence. Le titre en nous plongeant en plus dans multes chroniques intimes des habitants à ceci qui nous touche personnellement.  Trailer


3. Alex G - 15 octobre @ Pop Up du Label, Paris
Il y a deux Alex G qui se battent en duel sur la toile. L'un s'appelle Alex Giannascoli, 23 ans, originaire de Philadelphie, l'autre on en a rien à foutre. Remarqué l'année dernière avec son déjà sixième album mais premier distribué DSU, l'américain invoque les loosers magnifiques, la pop négligée, le garage romantique d'un Ellioth Smith croisé avec The Gerbils. Deuxième rendez-vous avec la France dans la crasse du Pop Up pour défendre son dernier né Beach Music, quoi de mieux pour faire connaissance avec l'artiste qui sous couvert de spontanéité et désinvolture DIY délivre ses pops songs de génie. Bandcamp


4. The Beginner's Guide (Everything Unlimited Ltd., 2015)
The Stanley Parable était une expérience imparable sur l'illusion de liberté dans le jeu-vidéo. Jouissif de par l'humour corrosif du narrateur, il en reste une oeuvre critique très profonde qui propose le jeu-vidéo comme un support à la réflexion. Et puis Davey Wreden débarque sans prévenir avec The Beginner's Guide. Gardant le même modus operandi, il nous ballade de saynettes en saynettes à la découverte de niveaux inachevés réalisés par son ami développeur Coda. La trame tend à être borderline, la réalisation a un goût de fake mais on retiendra le propos qui nous entraîne dans les méandres et les vicissitudes du processus créatif ! Trailer


5. A Blind Legend (DOWiNO, 2015)
Dans le monde du jeu-vidéo binaural, The Papa Engine faisait office de monopole. Quand dans des jeux comme The Nightjar ou la série des Papa Sangre on se contente de courir après des notes de musique en évitant une mort traumatisante, A Blind Legend du studio lyonnais DOWiNO amène enfin une vraie dimension aventure à ce genre encore balbutiant. Issu du financement participatif, sachez que ce jeu est le tout premier jouable aussi par des personnes non-voyantes. A tâtons et guidé par sa fille Louise, le chevalier aveugle Edward Blake part dans une quête périlleuse par monts et par vaux pour libérer sa femme, Dame Caroline, des griffes de l'effroyable Thork. Riche périple que l'on découvre à travers le travail minutieux d'ambiances sonores qui nous cernent ainsi que par le choc des coups de lames qui portent sur les nombreux ennemis qui jalonnent notre parcours. Et oui le gameplay va jusqu'à nous faire vivre des combats à l'épée. Le casting en français est irréprochable, les musiques dans le ton, le scénario simple mais prenant. Autant d'éléments qui réunis font de A Blind Legend, peut-être le début de quelque chose de grand. Le plus gros reproche qu'on pourra lui faire serait de ne pas ménager son public en instaurant un niveau de difficulté qui pourra effrayer même jusqu'aux joueurs les plus assidus. De quoi sortir de sa zone de confort pour les plus braves, personne n'a dit qu'être non voyant allait être facile ! Trailer


6. Frida (Julie Taymor, 2003)
Elle est belle et impétueuse, a un gros sourcil et une belle moustache : c'est Frrrrrida ! Rien à dire de spécial sur ce biopic sinon que Salma Hayek est dans le vrai sauf peut-être pour la taille de bonnet. De par la passion que met l'actrice, on se prend évidemment d'affection pour le couple d'artiste, elle droite mais brisée, lui gros con mais tendre. Il est surtout intéressant de replacer ses œuvres dans le contexte qui les a vu naître : une vie surtout ponctuée par une grande souffrance, l'accident qu'elle payera jusqu'au bout. Reste une femme admirable dotée d'un orgueil bien placé. BA


7. Birdman (Alejandro González Inárritu, 2015)
Je connaissais Inárritu pour ces trois premiers films chorals qui prennent chacun un accident comme épicentre. Enfin surpris de le retrouver dans un tout nouveau format qui le sort de sa zone de confort. Que dire à part qu'il est sacrément en forme ! Ce plan séquence de presque 2h est un pur bonheur que ce soit par le jeu des comédiens, la minutie des décors ou encore l'urgence d'en mettre plein les yeux sans jamais faire faire de pause à la caméra. On pourra lui reprocher d’enchaîner en privilégiant la forme au fond ; il faut voir Birdman comme votre première à Broadway, on ne lâche rien, tête baisée, donner pour l'art jusqu'à sa vie ! BA


8. L'Art dans le Jeu Vidéo, l'inspiration Française, Art Ludique, Paris
Le jeu-vidéo est en quelque sorte l'art ultime. En plus de convoquer les métiers du cinéma, il apporte la dimension de l'expérience : le joueur vit l'oeuvre, le joueur créé l'oeuvre, le joueur est l'oeuvre. L'expo L'Art dans le Jeu Vidéo vient mettre en lumière tout le travail réalisé en amont : peinture, sculpture, architecture, etc, tous ces métiers qui donne la direction artistique à un projet. Richement fourni en artworks classés par thématique, on retrouvera une grande partie du AAA français : Dontnod Entertainment (Remember Me, Life Is Strange), Ubisoft (Child Of Light, les Assassin's Creed, Rayman, les Lapins Crétins, etc), Quantic Dream (Heavy Rain, Beyond Two Souls), Arkane Studios (Dishonored). On retrouvera aussi des images de Wild (Michel Ancel) présenté encore récemment à la Paris Game Week. Review


9. Le Goût du Chlore (2008, Bastien Vivès)
La piscine est un lieu à part, une bulle hors du temps, régit par une norme bien particulière : dress code, règle de conduite, langage des corps, us et coutumes du nageur. C'est en tout cas ce dont Bastien Vivès fait l'étude sur de nombreuses planches dans le très pastel Le Goût du Chlore. Le dessin essaye de s'abstraire au maximum, le trait est pur et minimal ; la couleur bleue forcément omniprésente apaise. C'est aussi une histoire d'amour, très pudique de part les protagonistes et le caractère du lieu. Une fois la dernière page tournée, on retient un beau moment simple et universel qui a le mérite d'exister. Planche


10. Maison-atelier de Jean-François Millet, Barbizon
Que ce soit avec l'Angelus, les Glaneuses ou le Semeur, Millet (à ne pas prononcer comme la céréale, c'est dit une bonne fois pour toute !) est connu pour être le peintre des paysans, l'artiste de la ruralité. Bienvenue à Barbizon, colonie de peintres paysagistes tels que Daubigny ou Théodore Rousseau, c'est par la grande baie vitrée de l'atelier de Jean-François Millet qu'on jette un œil. Une fois pressé le loquet poucier, on y va pour respirer l'air d'un autre temps, flâner dans le bric à brac des collections hétérocycles, s'amuser de la frénésie de Van Gogh à copier l'artiste. Site