dimanche 11 juin 2017

SolangeBouffeTaCultureChallenge - 2017 - Trimestre 2 (1/2)


Concerts

John Zorn et Dave Lombardo duo, Volac (Erik Friedlander), Three Preludes for piano (Steve Gosling) - 1 avril @ Musée du Louvre, Paris

J'aurais bien voulu m'investir un peu plus dans ce week-end car quelle opportunité incroyable pour aborder le mastodonte qu'est John Zorn ! L'oeuvre tentaculaire du jazzman à la musique inclassable colle bien avec l'esprit de cette balade parmi les reliques de civilisations antiques. On débute avec urgence par son free jazz volcanique qui décrasse les oreilles. S'en suit le violoncelle de Erik Friedlander qui pose des airs d'un folklore juif indéfinissable. Enfin Steve Gosling nous perd un peu avec le nombre remarquable de notes à déchiffrer sur ses partitions. Live

Vashti Bunyan - 13 avril @ Carreau du Temple, Paris
Dans la famille des dames folk des années 70 qui ont percé dans les années 2000 grâce aux internets, je demande Vashti Bunyan. Après avoir pu ajouter dans ma collection Linda Perhacs (Parallelograms, 1970 ; The Soul of All Natural Things, 2014) puis Emmanuelle Parrenin (Maison Rose, 1977 ; Maison Cube, 2011),  c'est la britannique connue pour Just Another Diamond Day (1970) qui y fait son entrée. Une rencontre unique pour témoigner que les années n'altèrent en rien la fraîcheur d'une passion musicale hors du temps. Live


Musique

Jacaszek - KWIATY (2017)
Après Treny, pièce d'orfèvrerie electro-acoustique que Michal Jacaszek délivrait en 2008, le musicien polonais n'a cesser de tourner en rond (Pentral, Glimmer), pour s'aventurer ensuite sur des terrains difficiles pour des oreilles non averties (Piesni). KWIATY a de Treny qu'il est racé et séduit par le romantisme d'outre-monde dont il est empreint. Les ambiances sont toujours aériennes, suspendues dans un entre-deux spectral. KWIATY n'a pas de Treny qu'il n'est pas Treny, il est autre chose. Chanson

Mount Eerie - A Crow Looked At Me (2017)
Il y a ce malaise comme quand la voix fantomatique de Lhasa surgit pour un duo sur le dernier album de Tindersticks (2016).  Phil Elverum convoque le corps sans vie mais encore tiède de sa femme Geneviève Castrée décédée d'un cancer du pancréas en juillet 2016. Le ton est crue voire factuel. Il égraine les souvenirs de son épouse comme on aborde la liste des courses. La douleur, quoi qu'on en dise est le meilleur matériaux, mon meilleur carburant, pour toucher juste. Ce disque remue des choses, tire des larmes car oui, cet homme aime sa femme. Chanson

Will Stratton - Rosewood Almanac (2017)
Etre originaire du comté de YOLO en Californie, survivre à un cancer des testicules et continuer à produire des albums d'une telle beauté, ça ne s'invente pas. Pour avoir donner pour son rétablissement, je ne regrette pas mon investissement. Blague à part, Will Stratton renoue avec la finesse de l'album qui l'a fait connaître : Post Empire (2012). Les arrangements subtils et la voix fragile de l'américain font du songwritting inspiré qu'est Rosewood Almanac un objet à entourer de toute la tendresse bienveillante qui est la notre. Chanson


Jeux-vidéo

Old Man's Journey (Broken Rules, 2017)
Familier du point'n'click, Old Man's Journey m'a dérouté au premier abord : ces magnifiques tableaux pastel, pensé-je, recèlent sûrement de nombreux trésors à bout de click ! Le jeu est en fait beaucoup plus modeste : sa mécanique nous fait redessiner les paysages et jouer des perspectives pour contourner les écueils, pas plus pas moins. La promenade est sereine et contemplative ; chaque halte est, par contre, l'occasion d'un flash-back nostalgique qui met en peinture des souvenirs, bons comme mauvais. Pudique et poétique, ce jeu est le soupire, grave de sens, du vieil homme à la barbe drue que nous serons un jour. Trailer

GNOG (Ko-Op Mode, 2017)
J'ai en affection les jeux du studio Vectorpark (Windosill, Feed The Head) tant pour la patte graphique que pour l'incongruité des énigmes auxquelles le joueur est confronté. Metamorphabet (2015) m'avait cependant laissé sur ma faim car trop orienté jeune public. GNOG n'est pas de Vectorpark mais c'est tout comme. Penser «out of the box » c'est bien, penser «out of the monster head», c'est en effet le défi que GNOG nous propose. Chaque tableau est un trip sous Ayahuasca qu'il faut apprivoiser : coloré, mélodieux, non sans rappeler les explosions orgastiques d'un Luxuria Superbia (2013) ! Teaser

What Remains of Edith Finch (Giant Sparrow, 2017)
Dear Esther (2012) était peut-être un peu trop sibyllin dans ce qu'il évoquait. Everybody's Gone To The Rapture (2015) manquait quant à lui, sans doute, un peu de rythme. Gone Home (2013) était, il faut le dire, qu'une grande maison vide. What Remains of Edith Finch balaye tout ces travers, transfigure le genre et propose l'expérience narrative ultime. Bienvenue chez les Fisher ! En plus d'amener le joueur sur une terra incognita narrative qui puisse son essence dans le réalisme magique, son support se ré-invente (bande dessinée, photographie, mini-jeu). Et surtout, car l'attente de la suite est réelle, l'ennui ne vient jamais.  Ce jeu est plus qu'un chef d'œuvre mais est une constellation de coups de génie. Trailer