Du football, j'en ai totalement rien à carrer. Et pourtant la confrontation qui aura lieu ce soir entre l'Allemagne et la Grèce dans le cadre de l'Euro 2012 à quelque peu éveillé ma curiosité. Dans un contexte économique très difficile, la péninsule hellénique, où les plans de rigueur pèsent, mise désespérément sur cette rencontre pour adoucir la crise. Une hypothétique victoire suscite une grande émotion tant elle promet à ses habitants d'oublier pour un temps l'austérité, d'avoir enfin quelque chose à fêter. L'inverse ne ferait qu'enfoncer le pays dans la dépression. Austérité dont l'Allemagne, grande puissance économique européenne, est toute désignée comme responsable par la politique qu'elle impose à un pays déjà sur-endetté. D'un point de vue sportif, la victoire de l'Allemagne est considérée comme une formalité. Et pourtant les espérances que porte l'équipe challenger sont des plus démesurées...
Cette actualité illustre bien comme le sport peut être vecteur d'une symbolique qui dépasse son cadre. Mais rien de bien nouveau. En juillet 1969, le Honduras et El Salvador, deux seuls états centre-américains se partageant l'isthme dans le sens Nord-Sud de façon complémentaire sont rentrés en conflit. C'est dans un contexte économique et politique houleux (croissante démographique forte et nécessité de réforme agraire) que les deux états jouaient les matchs éliminatoires pour la coupe du monde de football qui devait se dérouler l'année suivante. Les matchs aller puis retour furent sujet à multiples altercations complètement abhérantes (privation de sommeil des équipes visiteuses, injures, incendies, ...) qu'il m'est impossible d'en résumer les tenants et les aboutissants sans paraphraser Wikipédia. Les deux pays ayant gagnés un match chacun, c'est dans une atmosphère explosive (viols, meutres), qu'El Salvador fut désigné vainqueur par 3-2 lors d'un match à Mexico le 26 juin.
Les émeutes ne s'arrêtèrent pas pour autant (explusions, escarmouches à la frontière) car le conflit atteint son paroxysme le 14 juillet quand El Salvador, beaucoup plus militarisé, lâcha une bombe sur la capitale hondurienne. La «Guerre de Cents Heures» ou plus sobrement appellée la «Guerre du Football» débuta. Pas aussi courte que le «Bombardement de Zanzibar» avec ses quelques 40 minutes, les 4 jours de conflits en Amérique Centrale furent cependant meurtriers (2000 morts) et destructeurs (50 000 sans-abri). C'est le 19 juillet, sous la pression de la communauté internationale et l'Organisation des Etats Américains que les Salvadoriens retirèrent leurs troupes. Deux jours plus tard, le monde entier retient son souffle car c'est non pas un petit pont mais un petit pas que Armstrong fera sur la Lune. Pour en savoir plus sur ce conflit passionnant et dont personne n'a jamais entendu parlé, j'invite à la lecture de HONDURAS - EL SALVADOR La guerre de cent heures - un cas de « désintégration » régionale par Alain Rouquié, article des plus complets.
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