vendredi 21 janvier 2011

Cinéma : Rubber (2010)


Rubber, c'est l'ovni de 2010. Ne pesons pas nos mots et osons dire de la décennie. Non pas comme objet volant comme on a coutume de l'entendre, ici notre équipe d'ufologues vous le dira : il est roulant ! Ce long métrage tourne autour d'un pneu. Robert, qu'il s'appelle, abandonné dans le désert, subitement sans rien demander à personne se meut. Rien de grave pour l'instant, j'espère que je laisse personne sur le bord de la route, tout le monde suit ? Ce démon de pneu, disais-je, se révèle être en fait un pur psychopathe. Ca se caractérise principalement par des explosions de têtes de pauvres gens croisés sur son chemin. Réjouissant.

Quentin Dupieux aussi connu sous le pseudonyme de Mr. Oizo en est à sa troisième tentative. On retiendra essentiellement Steak (2007) une comédie lourd-dingue très handicapée par le duo Eric et Ramzy. Une constante dans sa filmographie : le non sens. Dans Rubber, dès l'introduction on est prévenu, un shérif dans un monologue quasi-culte nous prévient que la réponse à toutes nos interrogations tombera sous le "No Reason". C'est qu'un road trip gore avec en vendette un protagoniste de caoutchouc magnifié au reflex numérique ce n'était pas suffisant. Equipé de jumelles, une bande de spectateurs scrute le déroulement du carnage. Pourquoi donc ? Pas plus de raisons que l'on en ait, nous spectateurs, de les observer sur notre coin de toile blanche.

Passé la blagounette du non-sens traitée avec le plus grand sérieux du monde, il reste un film attachant. On se surprend à jouir d'un sentiment de liberté lors des longs plans séquences lorsque Robert s'adonne à sa fonction première : rouler, rouler, rouler ! C'est certain que ça laisse une grosse place à l'anthropomorphisme. Amusant de penser qu'il est amoureux de la jolie fille ; que son plaisir est de regarder les programmes télévisés ridicules... sa "personnalité" reste toutefois très opaque. On pourrait croire qu'il n'y ait pas assez d'éléments pour faire un film mais c'est faux. La mise en scène est fluide, la bande son signée par le moustachu de chez Justice est tout bonnement parfaite, le cadrage inviterait au lyrisme tellement c'est bien pensé. Bref on est juste en face d'une oeuvre qui a ses propres codes. Un cinéma qui propose autre chose.

Aucun commentaire: