samedi 3 août 2019

Maxyx ou Marie Grollier


Mawyx, c'est un mythe issu des temps anciens de l'ère primaire de l'internet. Il a réussi à survire jusqu'à nous et ça c'est beau. Quand Tik Tok n'était qu'une onomatopée et que la Youtube Monnaie n'avait pas perverti le game, des gens se filmaient, jouaient de la musique et foutaient tout ça sur la toile sans se poser de questions. Les covers étaient faites dans l'innocence de grignoter un peu de son quart d'heure warholien. Le bordel n'était pas industrialisé. Il y avait la fraîcheur de l'amateurisme. Et la beauté du geste qui consiste à lancer la bouteille à la mer.

Mawyx avait chatouillé mes esgourdes avec sa reprise de Horses In The Sky d'A Silver Mount Zion. C'est qu'on va pas se mentir mais la version originale est carrément puissante. On arrête encore moins de se mentir : la voix d'Efrim Manuel Menuck a un truc. Un truc qui te fait l'apprivoiser avec le doute coupable quant à savoir s'il chante faux ou pas. Maxyx, elle, délivre une version qui chante juste. Et c'est comme une explosion de papillons dans le bas ventre, tout ton épiderme qui s'abandonne en goosebumps, le déclic d'un avant incrédule et d'un après indicible.

Je l'ai souvent répété mais la voix de Mawyx a été un crush immédiat. Parmi mon top de mes voix féminines préférées, elle survole avec celles de Shara Worden/Nova (My Brightest Diamond), Anne-Claire B (Lefkès), Lhasa de Sela ou encore celle d'Eloïse Decazes. Toutes, en plus d'avoir cette singularité identifiable à la seconde, il y a cette émotion viscérale sur chaque mot, intonation que j'aime à me prendre chaque fois en pleine face. Putain, c'est beau !

Ma mémoire a flanché à propos de  ce qui va suivre. Sur la chaîne de la demoiselle, on retrouverait, c'est certain, une reprise de Terrible Angels de Coco Rosie. Peut-être une de Cat Power (Werewolf, merci LastFm !). Certains se sont pâmer des années durant pour une réécoute de sa version de Under The Bridge des Red Hot. D'une qualité pas top top soit dit en passant. On est fan où on ne l'est pas ! Et quand tout ça vient à disparaître dans les limbes de l'infranet, le culte naît. Reste quelques titres qu'une poignée chérisse comme un secret, font vivoter telle une célébration qui s’éteint.

Puis le miracle a lieu. Marie Grollier de son vraie nom existe. Originaire d'Albertville, sœur de Vincent ami de collège de Dimitri Giunta, elle quitte la Savoie et son fromage pour Perpignan et sa charcuterie. Fort d'une licence en métier des bibliothèques et d'une autre en musicologie à l'université de Grenoble, experte en XML, Alexandrie 7, HTML et Adobe InDesign, Marie a le profil parfait pour conserver et valoriser les fonds (partitions, instruments de musique) de votre institution. Bon, ok, je crois que je suis allé trop loin dans mes recherches.

En déroulant la pelote, vient Ublot et Amanec3r où elle officie au chant ou avec des cordes. Avec le trio Amanec3r, on a la retrouve en tant que violoncelliste dans des reprises de Atahualpa Yupanqui fortes en saudade. Suit Ublot (sans H) avec Clément Ternissier et leur premier album Étranges Rumeurs (2019). Objet protéiforme où cohabritent post rock, textes scandés, musette et folk dans une énergie qui tient à une question de vie ou de mort. Composé par Marie, le titre le plus fort est Tree, prémisse grandiose de ce dont est capable la jeune fille.

Enfin, vient sur quoi je pose tous mes espoirs : Trip for Léon (en se refrénant de le prononcer avec un accent espagnol) ! Avec son acolyte Clément, le duo délivre une folk mélancolique où la voix de Marie trouve le parfait écrin. Le premier titre The Fog en est le plein exemple. J'attends donc avec une hâte non dissimulée Perpetual Waves (EP 4 titres) prévu pour ce 24 octobre prochain. En farfouinant, c'est une démo de Hello Love que je me mets aussi sous la dent. Surprise, Marie chante en français.

Mawyx ou Marie Grollier, merci d'exister. Avec cet article, je peux enfin clore la page qui était restée suspendue avec Horses in The Sky. Une nouvelle s'ouvre. Sur ce, godspeed! Et va faire des concerts hors de ton département, putain.

Aucun commentaire: