mercredi 21 septembre 2016

SolangeBouffeTaCultureChallenge - 2016 - Trimestre 3 (1/2)


Concerts

Max Richter (joue Memoryhouse) - 2 juillet @ Philharmonie, Paris
C'est un peu par obligation qu'on va voir Max Richter, ça serait totalement sot que de rater l'opportunité de voir au moins une fois ce grand compositeur. Le spectacle est à la hauteur de ce que propose son premier album : grandiose et sans excessivité. Je regrette cependant la trop grande retenue du pianiste. On est loin d'un Nils Frahm ou d'un Hauschka qui transpirent la passion. Sans doute que son importance invite à la solennité et la réserve. Un compositeur effacé qui laisse jouer avec humilité. Youtube

Philip Glass et Kronos Quartet (Dracula) - 7 juillet @ Philharmonie, Paris
Quoi de mieux pour découvrir ce classique du cinéma de Tod Browning (1931), qu'une mise en musique par le quartet de violon le plus récompensé. Je m'imaginais frissonné au son de phrases musicales proche de Requiem For A Dream. J'ai frissonné mais de froid. Comme dans les églises où je m'endors délicieusement mis à mal par le confort du chant et l'inconfort des bancs. Mais là à chacun de mes réveils, le film était toujours aussi con. Mais con. Non mais franchement qui a pondu un scénario aussi débile. La musique, ça allait. Youtube

Fidlar - 13 juillet @ La Maroquinerie, Paris
Y a encore deux ans, je traversais allègrement en long en large et en travers les fosses de concerts punk sans terminer bien sûr avec au moins un petit hématome. Ce soir à la Maroquinerie, soit les gens étaient venus pour en découdre comme jamais. Soit je me fais vieux. J'avais bien un torticolis depuis trois jours qui dans un affreux craquement de vertèbres s'est remis miraculeusement une fois sortie de cet enfer. Pendant, pas certain que ce soit bénéfique, tel un bon ostéopathe, le pogo m'a bien fait mal durant les trois pauvres round que j'ai tenu. Jamais vu une aussi jouissive exaltation. Il va falloir se remettre sur pied pour en être de nouveau. Live



Expo/Théâtre

Demeure de Corsaire - Hôtel Magon, Saint-Malo
C'est pas l’apparat du lieu qu'on vient découvrir en visitant la maison à Saint-Malo de l'armateur corsaire François-Auguste Magon de la Lande. Mais les histoires qui l'habitent. En marinière oblige, notre guide nous raconte avec panache son patrimoine. On se projette dans les travaux d'agrandissement de la citée fortifiée. Plus étonnant, on découvre les codes de la guerre en mer (capture the flag) avec nos amis les anglais sur lesquels se repose la lettre de marque. En temps de paix, vient la prospérité d'un commerce très lucratif qui faisait des négociants malouins les plus riches de France. Site

Parc du Radôme, Pleumeur-Bodou
Mes études d'ingénieur télécom réseaux m'obligeaient à faire une halte à la cité des télécoms de Pleumeur-Bedou. Dans un premier temps pour son musée qui m'a rassuré sur le fait que j'ai pas tout oublié depuis que j'ai quitté l'école. Mais avant tout pour l'impressionnante sphère gonflable de 30m de haut qui abrite une des deux antennes de télécommunications ayant permis la première transmission vidéo par satellite des Etats-Unis vers la Bretagne en 1962. Dedans, on apprivoise l'engin et son histoire à travers un spectacle son et lumière où l'écho à la part belle du fait de la grandeur du lieu. Site

Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque - Musée d'Orsay, Paris
Chaque toile imputable aisément à son auteur par le style naïf reconnaissable entre milles dialoguent avec les maîtres qu'il a inspiré. Mais on va pas se cacher, on s'est déplacé avant tout pour les jungles qui closent l'exposition dédiée au peintre autodidacte.  Lui qui n'a jamais quitté la France, l'exotisme de son ailleurs est fantasmé à partir du curieux patchwork entre photographie de voyage et onirisme qui l'a forgé. Les compositions sont exubérantes et sans soucis de vraisemblance. Mais on s'en fou, on plonge à corps perdu dans ses forêts inextricables. Site

Amok, Théâtre de Poche-Montparnasse

Non pas une combinaison de coup de maître sur un échiquier, mais c'est la pesanteur du climat malaisien qui rend soupe au lait notre ami Stefan Zweig. Alexis Moncorgé (petit-fils de Jean Gabin, voila c'est dit, on se sent mieux), lui est bien sain d'esprit pour avoir reçu le prix de la révélation masculine aux Molières 2016. Amok ou la folie aveugle qui monte avant d'exploser dans un déchaînement de violence, Alexis Moncorgé dans sa bipolarité passe par de vives émotions qui le brûlent. Retenez juste de ne jamais s’en amourachez  d'une jeune femme impérieuse, vous le regrettez ! Site


Cinéma

Le Fils de Saul (László Nemes, 2015)
Le dernier film le plus épouvantable que j'ai vu sur le sujet, c'était Requiem pour un massacre (1985), pour l'épreuve crue de l'aliénation qu'on nous fait subir. Le fils de Saul, à l'inverse, c'est par le flou suggestif et l'expérience sensuelle et étouffante qu'on a à suivre son héros à la première personne qu'il dérange. Saul est membre d'un des Sonderkommando de l'un des fours crématoires de Auschwitz, l'enfer au sein de l'enfer, un sursis au prix de l'horreur. Le doute plane sur le bien fondé de ses motivations, ultime tentative de redonner du sens, là où la perversion et l'arbitraire a phagocyté ce qui reste d'humains en chacun. BA

Anomalisa (Charlie Kaufman, 2016)
Ni la bande-annonce ni le synopsis m'ont préparés à ce que Anomalisa avait à me proposer. Tout commence avec une sensation de malaise impalpable, une étrange ambiance nonchalante à mi chemin entre Lost In Translation et Punch-drunk Love. Anomalisa est issu du financement participatif, il s'autorise à être cru, impitoyable mais vrai. Les spectateurs pourront voir dans Anomalisa plusieurs niveaux de lecture, je me contenterai d'aimer ce que je vois au premier degré. Anomalisa arrive à être à la fois très cynique mais fort d'un incroyable espoir dans la vie. C'est cette ambivalence qui en fait un objet unique. BA

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